Fan de la bouquine

Je voulais répondre au message "orpaillé" de 18h30 , lui dire mon émotion devant la découverte de cette écriture, des mots choisis, du regard masculin mais la fin du weekend m'a rendue paresseuse... Alors ce matin, j'ouvre mon écran magique pour écrire à ce chasseur d'or et je trouve un lingot déposé, là, dans cet espace virtuel. Quelle présence dans cette écriture, dans cette tranche de vie, dans cette confession ou récit! Les mots sont précis, pointus, rythmés. L'espace est cerné, les acteurs en place, habillés, déshabillés, en costumes du dimanche. L'ambiance est épaisse, palpable, tartinée et pourtant l'émotion est là. Quelle sensibilité!!! Dentelle et virtuosité. Merci de ce partage Cyril

la suite...janine donc assise bien bourgeoisement a la tablee dressee par ma femme. venue impromptue boire le digestif de ce dejeuner s eternisant nous assura entre autres potins et fustigeations que sa fille solange preparant intensement une reorientation pro avait concenti a faire une balade au bord de marne.
ce week end j ai recroisé solange dans la grand rue au bras de son mari. elle son sourire de pirania festif sur la figure. nous avons presque ri de concert sur ma douteuse mine de noctambule. cependant de cette deja ancienne brêve rencontre je garde la mémoire d une intense vérité et de paillettes d or secretes.

voici une histoire moins scintillante mais qui me travaille depuis un bon moment. à vous de me dire si vous la tenez pour vraisemblable ou non.
je n arrive pas deux ans après à la définir comme un bon souvenir ou non. en tout cas fortement etranges égrainés dans nos existances.
il y a deux ans donc au mois d avril j etais en compagnie de ma femme et de ma fille chez mes beaux parents pour le sacro saint week end au breuil une pimpante petite ville de l est parisien.
souvent je m y ennui ferme. il faut dire que les parents de ma femme y ont developpé un reseau social peuplé d octogenaire et de septuagenaire toujours souriants. feroces. ex industrieux vertueux. a principes. aimant les raisonnements immediats. les repas reguliers et bien arrosés. les vetements bien propres aux couleurs vives. pas tres chers et jamais coordonnés. ces gens si corrects sont souvents reçus avant l apero. pour l apero et toutes les sortes de repas en notre présence dans la maison natale de ma femme.
aussi pour fuir ce preambule infini au dejeuner où les individus suspects de tous poils sont fustigés comme chomeurs professionnels. syndicaliste rouge. fils de riches qui ne sait ce qu est le travail. etranger mais pas tout a fait. faux handicapé. etc...aussi dis je. je m ecclipse dès le matin. seul pour faire le marché. flaner. acheter le journal. boire de la cafeine. me relaxer quoi. donc le dimanche matin a la fraiche je mon panier en feuille de palmier et dun bon pas je pars dans la lumiere vive en direction du doux pretexte de l etale du primeur. du zinc du café et d une certaine modeste epicerie fine dans la grand rue.
en tatant .absorbé.les radis noirs et les courgettes je me suis brutalement harponné verbalement par une voix feminine bien connue qui me lance un :"on t a toujours pas appris a te tenir droit?" terreur une ancienne collegue instit de belle maman christiane. je fremis mais fait face a cette bête feroce .janine. adepte de la saloperie maquillée en sucrerie. la dame est plus que mûre. tres maquillee. voix mielleuse. regard petillant de saloperie. devant mes bredouillement de salutation polie elle continue.
:" je vois que tu n as toujours pas maigris et tu travailles un peu quand meme?".
je veux fuir et je dis que je travaille depuis un bon moment et que je fais du footing avec resultat. et je la plante là un peu deconfite par le ton de ma voix qui est devenu cassant et expeditif vers la fin.
je fais la suite de mes empletes. le panier devient lourd au bout de mon bras et je presse le pas en appreciant l exercice que cela represente.
je suis dans mes pensees et je m arrete devant l epicerie fine pour admirer la vitrine et choisir le thé approprié pour un five o clock tea party en tete a tete avec ma femme. avant de rentrer dans le magasin en levant le nez je constatate que janine l ex vamp instit fieleuse a les yeux rivés sur moi. a l interieur je fais mon choix en humant le thé de qualité a grandes feuilles intactes. c est odorant et prometteur.
le carillon de la porte teinte de nouveau et janine la peste s approche. sa voix est mievre. elle espere qu elle ne m a pas vexé. je reponds que non certainement pas. je me rapelle que janine la fieleuse est collante. voir une genre degoutée froleuse. je me rappelle qu elle a une fille de 50 ans. belle a ecclipses. instit féroce de droite. mere de famille. solange.rescapee d un terrible accident de voiture où elle perdit son premier mari et un enfant. une mere courage. tyrannique. reac et mal entendante. terrorisant sa classe par principe car meme avec ses protheses auditives elle n entend que le premier rang. solange la belle plante qui aime bien boire aime se gausser du malheur des autres durant des banquets sans fin. tres fiere d etre conseiller municipale et fille de conseiller. mère d un pompier volontaire de la commune. bon garçon athletique. la fille est championne departementale de gymnastique. le mari est commercial pour une boite de fontaines de bureau.sur de lui. directe.uppercut. ils habitent un appartement a deux cents metres de ses parents et 250 metres de chez belle maman.

le nez au dessus des grandes boites a thé ouvertes je me rappelle que le mari de janine est un petit entrepreneur en retraite pugiliste tendance poivrot et que tout le monde est voisin . les jardins se jouxtant sans clotures.

je me demande ce que veux a la fin janine. elle me parle de sa fille en phase de reflexion depuis un moment et m"e demande conseil a moi qui selon elle m assois souvent pour reflechir et qui sait continue t elle ce qu est etre
largué dans la vie". ...interloqué. je fremis.muet. puis je pose mes questions de vendeur psychanaliste debutant.
ashkenaze raconteur d histoires.
elle me repond que solange est retournee vivre chez sans enfants ni mari apres un voyage aux maldives. qu elle est en arret maladie mais juste pour faire le point. qu elle n a pas beaucoup de visites ces jours ci et qu elle ne sort plus. qu elle perd le benefice du travail fait sur ses abdo fessiers.

je demande si solange boit du thé et ce qu elle attend de la saveur d une bonne tasse de feuilles infusees. je comprends qu un darjeeling serait ideal. je prends deux paquets de 250gr et en donne un a janine pour solange. de ma part avec ma conviction d une prompte nouvelle philosophie.
janine me remercie. elle ne sourit plus. le rymel perle un peu je crois. elle me dit qu elle serait rassuree que je lui offre moi meme. certainement solange sera ravie. moi médusé. j accepte et la suis redoutant de croiser beau pere. belle soeur et beauf. tous voisins.
je rentre docilement dans la grande maison de janine et daniel avec mon panier plein et lourd. mon sachet cadeau de darjeeling. grand sejour. cuisine a lamericaine. daniel est là. il se léve du canapé son quotidien populaire a la main. il est vouté. maussade et terriblement calme et sobre. il est dix h du matin. d un ton lent il demande a sa femme ce que je peux bien faire là un dimanche et seul. sa femme lui repond par un sourire pincé. il comprend et repond...bah. il viens voir l autre. il replonge dans sa lecture cette fois sur le plan de cuisine. plus pres de la porte d entree. janine devant une petite porte au fond du salon me dit c est là. elle ne s est pas encore levee vraiment.

moi je trouve cela glauque et je m attend a la revelation d une terrible maladie desocialisante.
nous entrons et dans l embrasure de la porte janine mere eppleuree me dit le sourire triste...avant d etre notre petit salon tele c etait sa chambre a solange et depuis trois mois c est presque sa chambre.
solange vautree sur un canapé lit soupir avec effusion
a la porte refermee derriere elle par sa mere. je suis seul avec solange une nana de 50 ans pas sortie du lit. yeux cernés. pas coiffee. elle sent un peu la sueur. la piece est petite. la tv est enorme. elle regarde mollement encadree de piles de dvd et de magazines un film courses poursuites de voitures. film americain. elle fume et le cendrier est plein et tout pres d elle . je propose de faire du thé. elle sourit et accepte. je trouve de quoi faire un beau plateau de the aidé par janine a la cuisine. daniel n est plus là.
devant la porcelaine blanche et fumante solange se deride et se redresse. elle me dit d abord de m assoir en face d elle et au plus pres et de parler dans l axe des yeux. elle me dit qu il faut que je sache ecouter les femmes. elle sourit. le pyjama est un pantalon de toile surmonté d un marcel lache et douteux. elle me dit qu elle a envoyé foutre les parents et les eleves. le rabachage. qu elle a besoin d un homme qui l aime et qui conprenne qu elle puisse penser à ses chéris disparus. qu elle veut etre lucide et forte. qu elle ne sera bientot plus si belle. qu elle est fiére et qu elle ne veut montrer la faille d etre sourde et de rien entendre au dela d un rayon de deux metres. qu elle ne percoit que tout pres avec le regard et les mains. elle ne communiques que de cettte façon. avec la lecture. elle sidentifie dit elle à scarlette d autant...le vent. elle le relis avec passion. sa verité dit elle que son mari regarde ailleurs et lui lache la main. elle prend la mienne. nous buvons le thé dans un bref silence. la verité c est que eccoeurée par la trahison du mari elle s est posee en fille chez papa maman avec ses bouquins de gares. ses vieux t shirts. ses dvd de bagnoles et de cul qu elle regarde en mode muet.
moi je pleure. nous pleurons.
je repond a sa demande de savoir ce que je lis avec gout. ce que je fais comme boulot. mon couple. ma famille. mes origines. nos disparus. notre chagrin. elle ecoute nos pupilles bien dans l axe. puis silence. sourire. la maison est muette.
elle m embrasse. solange la ricaneuse me donne du bisou. puis d autres. echange. bref ce jour là enlacés le pyjama delicatement retiRé par mes soins ce fut tres doux et adultere et furtif.
cela se termina tres poliement. remerciements reciproques. je dis au revoir a une janine reapparu et souriante. je regagnais rapidement la maison de belle maman pour le dejeuner dominical midi tapantes.
janine passa prendre le digestif juste en face

Je te salue oh orpailleur des torrents de mots. Ce message est tout simplement magnifique, un véritable cadeau. Oui, soyons chasseurs de ces instants subtils. Merci à toi et merci à la Bouquine pour de tels moments.

je continue. j en ai trouvé des poignees de fines paillettes au fil de l eau des rivieres de regards et a trier la caillasse dans le lit des torrents de mots. j en ai trouve entre les pages des livres d auteurs amoureux deja depuis longtemps vieillis et disparus. les pepites d or ont saute au creux de ma main au gre de la voix d une inconnue lisant du tchehkov un jour de mai au jardin du luxembourg. dans la voix d un vieux grand pere parlant de sa premiere emotion de lecteur. je me souviens des paillettes dans le regard d une amie douce me donnant envie de mieux connaitre moravia en degustant de grosses crevettes roses. je me souviens que je suis tombé amoureux d une femme en l entendant un matin de printemps en corsage blanc
leger expliquer a une autre jeune femme pourquoi il faut lire belle du seigneur. je caresse les paillettes d or de la voix des cantatrices. des chanteuses de blues et de jazz et de la chansonette. les paillettes pleuvent quand ma fille lit a voix haute du prevert ou sa serie detective d ado. le ciel est pailleté d or quand en été nous lisons au jardin . lecture sensuelle ou platonique. j aime le regard d une femme par dessus un bel ouvrage. je trouve elegante la femme vive qui pense traverser paris a pieds un bon livre a la main. que de paillettes dans le choix de livres fait par une femme energique pour un week end a la campagne. que de belles rencontres dans une voiture de train un livre a la main entouré de la musique et du parfum de ce que vous lisez et de votre voisine. que de chasses subtiles. j en ai deja bien fourni ma gibessiere. la parole. le regard et la psychee libres donnent des chasses giboyeuses et oriferes. la liberte de parole et d esprit. la flanerie et le diletantismes elegants. la parole ferme les hommes et la voix soyeuse chez les femmes. le regard en simbiose avec le sourire et la parole. en appui sur une hanche souvent belle et une gorge deliee. voila ce qui rend la bouquine si cher a mob coeur avide de chasseur orpailleur. merci

mes chasses substiles.
ernst junger appelait ainsi son observation a hauteur de buisson et de gazon et de prairie des tresors de la vie des insectes. au risque de choper quelques tiques il decouvri le microcosme riche de nuances et finesse de ce qui vole. butine. devore. des predateurs aux couleurs vives dans des mini forets vierges.
je reprend ce terme pour definir ce que je me suis mis en tete de pratiquer.
apres avoir ete chahuté. balloté. secoué. depouillé. rincé par l existence je me suis lancé dans une chasse aux paillettes d or de la vie. je suis un chasseur et je debusque mes proies a la maniere d un orpailleur epris de promenade. j ai trouve diverses paires de chaussures adaptees aux terrains secs. arbores ou fangeux. mon flair est aux aguets. mes oreilles bien affutees. mon regard aux paupieres mi closes pour parer a l eblouissement sterile. j en ai trouvé des paillettes

chère Yaëlle
ecrivez trois mots en passant. flanez donc par chez nous. murmurez. evoquez une impression furtive c est de l or dont je me contenterais.

Bonjour à tous,

Je viens à mon tour me présenter...

Certains d'entrevous m'ont déjà vue aux côtés de Martine, je suis donc Yaëlle, sa filleule.

Je suis comme toujours un peu intimidée chaque fois que je viens lire les messages que vous pouvez tous laisser...
Vous êtes si passionnés et férus de littérature, art... que parfois, je l'avoue je me sens un peu étrangère à tout cela.

En effet, j'aime la lecture, mais n'ai pas forcément d'auteur préféré...
Un genre oui.
J'aime les romans qui me font déconnecter du monde réel...
N'est-ce pas aussi à cela que servent les livres?  


Un Dimanche matin, alors que Martine était en voyage...   j'ai eu la chance de vous rencontrer, vous les clients et devenus amis? peut on le dire?, et de vous écouter parler pendant des heures de vos auteurs ou livres aimés ou détestés...
Je me suis sentie comme dans un cocon, à l'abris de tout dans ce petit endroit, ou rien ne pouvait arriver de mal à ce moment précis...

J'aurai aimé être présente ce Dimanche à votre réunion chez Sophie, pour encore profiter de vos échanges si agréables et enrichissants...

Dans l'attente de vous revoir,

Yaëlle