Journal de La Bouquine (Extraits)
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Journal de La Bouquine (Extraits)
"Je m’aperçus assez vite qu’il ne suffirait pas d’aligner des étagères et d’empiler des livres pour savoir-faire… Heureusement, face à la curiosité et aux questions, j’étais du bon côté de la vitre, du bon côté du bureau… J’avais depuis longtemps l’habitude de cette distance mobilière entre mes interlocuteurs et moi et il se trouvait toujours une table, une chaise, ou autre, qui faute de meubler mon ignorance, lui donnait une contenance.
La première fois que Monsieur P. passa le seuil de la porte il le fit en habitué de ce genre de lieu. Il entra, pris lentement possession de l’endroit à la fois par le regard et les gestes. Il avait une présence physique classique mais un peu raide, probablement liée à une éducation sévère ou religieuse. Je ne me souviens pas de sa première question mais je me souviens de mon sourire intérieur face à ce phrasé très construit et légèrement désuet. J’aime les mots et leur valeur et je fus rapidement séduite par ce souci du mot juste, par ce besoin de références à d’illustres penseurs...
Je prie l’habitude de ces visites de fin de matinée. Il apparaissait dans un long manteau noir, couvert d’un chapeau de belle facture et enrubanné d’une écharpe à l’ancienne. Il posait ses gants, sa baguette de pain et partait à la recherche des nouveautés qu’il commentait avec plaisir et force références. Souvent un ouvrage le tentait. Il le prenait, le feuilletait, hésitait et finalement programmait son achat pour le lendemain ou la fois prochaine. C’était une démarche à la fois économe et gourmande, un plaisir qu’il se réservait comme un chocolat que l’on dégustera un peu plus tard… " Février 2013
La première fois que Monsieur P. passa le seuil de la porte il le fit en habitué de ce genre de lieu. Il entra, pris lentement possession de l’endroit à la fois par le regard et les gestes. Il avait une présence physique classique mais un peu raide, probablement liée à une éducation sévère ou religieuse. Je ne me souviens pas de sa première question mais je me souviens de mon sourire intérieur face à ce phrasé très construit et légèrement désuet. J’aime les mots et leur valeur et je fus rapidement séduite par ce souci du mot juste, par ce besoin de références à d’illustres penseurs...
Je prie l’habitude de ces visites de fin de matinée. Il apparaissait dans un long manteau noir, couvert d’un chapeau de belle facture et enrubanné d’une écharpe à l’ancienne. Il posait ses gants, sa baguette de pain et partait à la recherche des nouveautés qu’il commentait avec plaisir et force références. Souvent un ouvrage le tentait. Il le prenait, le feuilletait, hésitait et finalement programmait son achat pour le lendemain ou la fois prochaine. C’était une démarche à la fois économe et gourmande, un plaisir qu’il se réservait comme un chocolat que l’on dégustera un peu plus tard… " Février 2013
Dernière édition par MdeB le Jeu 13 Mar - 6:21, édité 2 fois
Re: Journal de La Bouquine (Extraits)
Diantre, on se pose la question n'est-ce pas? Qui peut se prévaloir, si tant est que l'on puisse s'en prévaloir, d'un, je cite: "phrasé très construit et légèrement désuet", vu de loin, et peut-être même de prés, le personnage semble un tantinet , mais seulement un tantinet, vouloir jouer au mimétisme avec notre regretté Aristide Bruant. Franchement on se pose la question qui celà peut-il bien être?I ll faut le reconnaître, l'individu, ainsi décrit, sent un peu la naphtaline, ce qui a son charme, c'est certain, notamment celui des commodes de nos grand-parents qui, trop longtemps fermées, laissées, parfois seulement, passer cette odeur reconnaissable entre toutes. Mais je force le trait la chose est certaine, et puis l'individu doit avoir quelques qualités, une certaine culture, un peu trop voyante d'ailleurs, il faut bien quelques faiblesses pour que chacun se sente humain, n'est-ce pas?
Re: Journal de La Bouquine (Extraits)
Oui, oui, Menuiziebihan, il y a de cela dans le personnage. Je sens qu'on s'approche mais je n'adhère pas à l'odeur de naphtaline. Je l'imagine plus simplement sarcastique vis à vis de notre époque. Je le vois bien dans un café entrain d'écrire un portrait au vitriol sur le fâcheux de la table voisine.
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