Matin fainéant
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Matin fainéant
Lever de rideaux sur la journée, il n’y aura pas les trois coups, quelques gémissements sur mes articulations feront l’affaire, regarder l’heure, s’étonner d’avoir dormi autant, la veille je m’affligeais d’avoir dormi si peu, j’alterne mes satisfactions et mes regrets, c’est ma petite météo , une météo personnelle qui n’amène à rien, l’état de mon sommeil m’est un sujet de préoccupation depuis longtemps, problème de vieux me dit-on, sans doute, j’étais un vieux précoce. Les petits comprimés m’accompagnent depuis longtemps, j’ai des nuits chimiquement pures.
Les fenêtres à vasistas sont une caisse de résonnance des plus efficaces pour la pluie qui tombe. La Beauce ne prête pas à la rigolade, nulle poésie dans les paysages et le quotidien des habitants est aussi étriqué que les plaines sont infinies. Avec ce ciel de plomb, la pluie qui dessine des filets épais le long des fenêtres et les cheminées de briques qui se reflètent sur les toits d’ardoise luisantes tout en laissant échapper quelques panaches de fumée neurasthéniques , il y a là comme une invite incoercible à la morosité, se laisser aller à une apathie molle et dépressive, qui me pousse à rester vautré dans le canapé, plus ou moins somnolant, écoutant le staccato hypnotique des gouttes d’eau sur la vitre, se disant qu’il faudrait …oui il faudrait. Il faudrait faire, ou penser, enfin agir , par exemple se lever, oui c’est cela il faudrait se lever, alors on s’imagine debout, envisageant une action, ou un début d’action, quelque chose qui ressemble à du mouvement.
Allez courir, l’idée est plaisante, bien sûr il pleut mais cela cessera bien à un moment donné, courir voilà une bonne initiative, on y pense avec sérieux, tout en écoutant la pluie qui tombe. Il vous semble qu’elle a redoublé de force, en fait est-ce donc une si bonne idée d’aller se crotter dehors ?D’autant qu’il y fait un froid de canard, et puis il y a les chasseurs, cul-terreux de la semaine, Artaban en kaki le weekend rêvant d’un doublé et qui finira en Tartarin dégoulinant. Aller courir avec ces aimables échantillons d’humanité et prendre un risque non négligeable de terminer comme le lièvre qui fait manchon, peu tentant quand on se donne le temps d’y réfléchir, et le temps s’écoule si lentement qu’on a tout loisir de peser savamment chaque option qui se présente. Et finalement de s’accorder à penser que la position qui est la votre à l’instant, est de loin la plus adaptée à cette envie incoercible qui est la votre de ne rien faire.
Cependant il semble que la pluie faiblit, puis le silence se fait, un doute ? Une hésitation ? Un remord ? Il faut réfléchir à cela, les premiers sont souvent les bons alors autant ne pas s’y fier, on gamberge, je gamberge, on ne gamberge jamais assez : cette inaction n’est pas bonne, le temps s’écoule et pendant ce temps je me perds en conjecture, et puis ce léger bruit qui revient, petit bruit de fines billes qui viennent frapper contre la vitre, les meilleures intentions ne sauraient résister à ce son, la course à pied attendra, les mares boueuses ainsi que les chevrotines mal ajustées.
Pourquoi pas un thé ? J’image le parfum de bergamotes et de cannelles et avec une petite touche de clou de girofle, senteurs exotiques et épicées qui viendraient flotterait à mes narines, la boisson parfaite par ces temps peu aimables, il suffirait de se lever, faire chauffer l’eau , pas trop, juste frémir, pendant ce temps prendre la boite, hésiter, le choix est large, ouvrir, anticiper, doser ce qu’il faut, puis verser l’eau, laisser infuser quelques minutes et là le plaisir, lover dans mon lit j’y pense avec le sourire, j’anticipe cette dégustation bien au chaud, avec une tranche de pain d’épices.
Il y a comme une douce torpeur qui me prend, je ferme les yeux. Il sera bien temps demain d’y repenser.
Les fenêtres à vasistas sont une caisse de résonnance des plus efficaces pour la pluie qui tombe. La Beauce ne prête pas à la rigolade, nulle poésie dans les paysages et le quotidien des habitants est aussi étriqué que les plaines sont infinies. Avec ce ciel de plomb, la pluie qui dessine des filets épais le long des fenêtres et les cheminées de briques qui se reflètent sur les toits d’ardoise luisantes tout en laissant échapper quelques panaches de fumée neurasthéniques , il y a là comme une invite incoercible à la morosité, se laisser aller à une apathie molle et dépressive, qui me pousse à rester vautré dans le canapé, plus ou moins somnolant, écoutant le staccato hypnotique des gouttes d’eau sur la vitre, se disant qu’il faudrait …oui il faudrait. Il faudrait faire, ou penser, enfin agir , par exemple se lever, oui c’est cela il faudrait se lever, alors on s’imagine debout, envisageant une action, ou un début d’action, quelque chose qui ressemble à du mouvement.
Allez courir, l’idée est plaisante, bien sûr il pleut mais cela cessera bien à un moment donné, courir voilà une bonne initiative, on y pense avec sérieux, tout en écoutant la pluie qui tombe. Il vous semble qu’elle a redoublé de force, en fait est-ce donc une si bonne idée d’aller se crotter dehors ?D’autant qu’il y fait un froid de canard, et puis il y a les chasseurs, cul-terreux de la semaine, Artaban en kaki le weekend rêvant d’un doublé et qui finira en Tartarin dégoulinant. Aller courir avec ces aimables échantillons d’humanité et prendre un risque non négligeable de terminer comme le lièvre qui fait manchon, peu tentant quand on se donne le temps d’y réfléchir, et le temps s’écoule si lentement qu’on a tout loisir de peser savamment chaque option qui se présente. Et finalement de s’accorder à penser que la position qui est la votre à l’instant, est de loin la plus adaptée à cette envie incoercible qui est la votre de ne rien faire.
Cependant il semble que la pluie faiblit, puis le silence se fait, un doute ? Une hésitation ? Un remord ? Il faut réfléchir à cela, les premiers sont souvent les bons alors autant ne pas s’y fier, on gamberge, je gamberge, on ne gamberge jamais assez : cette inaction n’est pas bonne, le temps s’écoule et pendant ce temps je me perds en conjecture, et puis ce léger bruit qui revient, petit bruit de fines billes qui viennent frapper contre la vitre, les meilleures intentions ne sauraient résister à ce son, la course à pied attendra, les mares boueuses ainsi que les chevrotines mal ajustées.
Pourquoi pas un thé ? J’image le parfum de bergamotes et de cannelles et avec une petite touche de clou de girofle, senteurs exotiques et épicées qui viendraient flotterait à mes narines, la boisson parfaite par ces temps peu aimables, il suffirait de se lever, faire chauffer l’eau , pas trop, juste frémir, pendant ce temps prendre la boite, hésiter, le choix est large, ouvrir, anticiper, doser ce qu’il faut, puis verser l’eau, laisser infuser quelques minutes et là le plaisir, lover dans mon lit j’y pense avec le sourire, j’anticipe cette dégustation bien au chaud, avec une tranche de pain d’épices.
Il y a comme une douce torpeur qui me prend, je ferme les yeux. Il sera bien temps demain d’y repenser.
Dernière édition par Menuiziebihan le Mar 25 Nov - 8:05, édité 1 fois
Lecture fainéante
Texte en osmose avec une lecture matinale... Attention aux Beaucerons susceptibles...
Les dernières lignes m'ont fait un peu trébucher mais dès que l'auteur sera réveillé, ce sera parfait...
Les dernières lignes m'ont fait un peu trébucher mais dès que l'auteur sera réveillé, ce sera parfait...
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