Théâtre.

Un jeudi soir, théâtre de l'Atelier, Duras.
Nous ne pouvions pas nous tromper même si la critique n'était pas unanime. Trois pièces de Duras à l'affiche, "trois ages". Un couple de Clients de la Bouquine est ressorti très déçu...   Nous c'est l'autre pièce, deux solitudes qui se croisent dans "Le Square"
Mise en scène sobre, texte profond, comédiens excellents.
Moment de théâtre plus que parfait même si l'écriture de Duras manquait un peu de sa signature

J'aime aussi, beaucoup, l'écriture et l'audace de Marguerite Duras. Mais je ne connais pas —encore— son théâtre. A découvrir !

De mon côté j'ai vu récemment deux pièces :

* La Souricière d'Agatha Christie au petit théâtre du Gymnase : j'ai été agréablement surpris : on se prend au jeu de cette enquête policière : un meurtre est commis dans un petit hôtel de province coupé du monde à cause d'une tempête de neige. Chaque invité est potentiellement coupable. Une pièce sans prétention jouée par une troupe jeune extrêmement motivée, dans une cave étonnamment profonde mais déconseillée aux claustrophobes. A la fin de la pièce, les acteurs demandent au public de ne pas révéler le nom de l'assassin. Joyeuse connivence !
Il s'agit de la pièce la plus jouée au monde.

Ma note : 6/10

* Les Fausses confidences de l'inégalé Marivaux au théâtre de l'Europe (Odéon)

Naturellement, je ne serai pas totalement objectif au sujet du texte puisque Marivaux est mon auteur préféré.
Mais la pièce est exceptionnelle à plus d'un titre. Le jeu des acteurs est de grande qualité : mention spéciale pour la gracieuse Isabelle Huppert, à la diction impeccable,  et si géniale en Araminthe et Louis Garrel, très émouvant en Dorinte.
Une histoire simple : Dorinte le pauvre aime Araminthe, veuve...riche.
La mise en scène est admirable : quelle belle idée que de transposer les mots si élégants, si fins, si subtils, les sentiments si raffinés de cette pièce du XVIIIe siècle, à notre époque, oui, au XXIe siècle : cravates, attaché-case, journaux people, et mobilier dépouillé.

Luc Bondy fait une fois de plus montre de son incroyable talent.

Ma note : 9/10

Bonsoir, je ne mettrai pas de notes car mes compétences en la matière ne sauraient me donner crédit sur un jugement aussi rigoureux, donc un premier coup de cœur pour la Porte à côté, j'avoue une inclinaison pour le Théâtre Edouard VII, son histoire, son cadre, son fumoir et son restaurant, concernant la pièce nous sommes dans une comédie avec Edouard Baer et Emmanuelle Devos, les dialogues sont tirés au cordeau, les répliques s’enchaînent au millimètre, la fin n'est certes pas une surprise mais c'est un vrai moment de détente et surtout de rire qui est proposé, le tout avec beaucoup de finesse.

Une autre pièce dont les critiques se sont fait largement l'écho c'est l'adaptation du Misanthrope par Michel Fau qui campe un Misanthrope qui sort un peu du rang, c'est un Alceste grimé comme un clown blanc, ou un personnage du théâtre Nô, chacun y trouvera sa référence, Julie Depardieu joue à la perfection et une belle sobriété une Célimène parfaitement détestable, Jean-Pierre Lorit peine à être Philinte, Edith Scob qui joue Arsinoé devrait se souvenir qu'un jour il faut savoir quitter l'art avant que l'art ne vous quitte. Avec Jean-Paul Muel nous avons un Orante très surprenant qui m'a un peu désarçonné je dois l'avouer mais qui finalement correspond à l'esprit de ce personnage. Les personnages sont grimés à l’excès , notamment Oronte c'est un régal, mais je trouve que ce coté Dell'arte se marie bien avec l’esprit de ce texte que j'affectionne.

A propos du théâtre de l'Odéon, il se joue maintenant Tartuffe avec une mise en scène de Luc Bondy, quelqu'un en a-t-il entendu parlé?

Il m'avait bien semblé parfois -- parfois seulement -- trouver un peu de misanthropie dans certains de tes textes. Toujours teintés d'humour cependant...

Bonne remarque, entre Philinte et Alceste, je balance, je me sens comme le Vicomte pourfendu...

Autant prêt à déclarer:
"Mon Dieu, des mœurs du temps, mettons-nous moins en peine,
Et faisons un peu grâce à la nature humaine ;
Ne l'examinons point dans la grande rigueur
Et voyons ses défauts, avec quelque douceur."
Que d'affirmer, parfois:
"Tous les hommes me sont à tel point odieux,
Que je serais fâché d'être sage à leurs yeux"

Je viens de voir que le Porteur d’Histoire continue à être joué à la Comédie des Champs Elysées, la salle est petite, on y est un peu confiné donc claustrophobe s'abstenir mais ceci posé la pièce est un vrai plaisir, elle fait rêver, c'est une promenade dans notre imaginaire qui m'avait vraiment régalé, les acteurs sont bons, un regret peut-être: la pièce est parfois portée un peu à bout de bras par Éric Herson-Macarel.

Merci Pascal, il me tarde de voir cette mise en scène décalée du Misanthrope, ma pièce préférée de Molière !

Il y aura aussi une version au Français très prochainement.

En parlant de la comédie française j'ai eu des retours finalement assez bons, considérant comment les critiques on éreinté la pièce, de Songe d'une Nuit d'été.