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Cet adieu que nous ne nous sommes pas dit

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Message par Menuiziebihan Dim 8 Juin - 19:46

Je t’imagine loin d’ici, dans un jardin sans doute, peut-être une plage mais il y aurait trop de brui : celui du ressac, des enfants qui jouent, des adultes qui cirent, qui rient. Tu aurais pu être à côté de moi, cette image je l’ai souvent rêvé, me regardant, me souriant. J’entends le son de ta voix, grave et enfantine, posée et énergique, toujours semblant de façon charmante contenir toutes les contradictions.

Oui cette image a habité mon cœur et l’habite encore, hélas, malgré ces mots.

C’était il y a quelques heures  ou quelques jours, peut-être quelques semaines, c’était il y a longtemps, c’était sans doute hier ou le jour d’avant, je connais le début j’en vis encore la fin.

Je revois la porte qui s’est refermée sans bruit, mouvement lent, léger claquement, voilà c’est fait, à peine dit, propos voilés, quelques mots qui  peinaient à trouver leur chemin, phrases en dentelle, sentiments éclatés, cœurs éparpillés, âme en charpie tout cela dans un léger murmure.
Ton doux regard qui se voile, de cette voix hésitante tu m’as dit, ou tu as voulu me dire…il fallait comprendre dans les silences ces autres mots qui n’étaient pas prononcés. Tu as posé ta main sur mon visage, j’ai senti ma joue dans le creux de ta paume, caresse douce et furtive, ce sera la dernière, geste volé, retenu des sentiments. Tu m’as embrassé. Il n’y avait plus déjà plus ce jeu de la passion que tu disais ne pas avoir, dans tout ton geste je ressentais cette chose nouvelle, un lien nouveau que je savais déjà détester.

Entendais-tu dans le silence du couloir, la tempête qui dévastait mon âme ? Voyais-tu ces vagues puissantes qui me submergeaient, laissant une épave à peine flottante mais qui ne savait comment sombrer ballotée qu’elle serait par la houle des jours.

J’entends à peine le son de tes pas sans l’escalier, plus le bruit s’estompe plus la douleur s’enracine. Un papier traîne sur le guéridon.

Tu n’as mis que quelques mots, des mots d’inachevé, des mots d’espoirs, peut-être, qui se désespèrent de ne pas trouver une suite, tu aurais voulu, me dis-tu, tu aurais tant aimé que…, mais voilà il semble que cela ne soit pas possible. Tu ne dis rien de ce que je dois comprendre mais à quoi bon, pour chaque blanc que tu laisses j’ai les mots que tu aurais pu prononcer, et que tu hésites encore à coucher sur le papier, l’amour est à l’agonie mais le coup fatal tarde à venir, une âme charitable saura bien y mette fin.

Une phrase et te voilà rassurée, je comprends et j’accepte, la douleur me ravage, l’agonie est une ordalie.

Curieuses larmes que voila, qui coulent silencieusement, pas de hoquets ni de reniflements intempestifs, rien que ces larmes, qui ont la discrétion d’un petit filet clair, à peine visible et qui dessine une ligne transparente sur les joues. La gorge se noue mais de toute façon il n’y rien à dire, le silence fait un doux bruit de circonstance, celui de la pièce, celui de ces quelques mots qui s’alignent sur le papier, rien n’est vraiment dit mais tout est exprimé. Aucune phrase définitive, mais voilà l’histoire s’arrête. Ce n‘est pas ce que disent les mots qui parlent de tristesse, et de désespoir aussi, d’un amour qui ne trouve pas son chemin, de deux êtres qui auraient bien voulu mais qui n’ont pas pu, car tout ceci se vit à deux n’est-ce pas ?
Le temps s’est accéléré, les minutes se sont écoulées comme des jours, et les journées avaient la consistance de mois. 

Le temps était celui d’un soleil qui se cachait dans le recoin d’une chambre, la chaleur des draps et l’enthousiasme des corps donnaient une saveur de plage déserte à ces moments d’intimités. Le bonheur des rires et la complicité des sourires donnaient à chaque seconde qui s’égrenait, la pulsion d’un quartz , les journées étaient couleur arc-en-ciel. C’était beau, c’était bien, c’était doux. Bien sûr il y avait par moment comme une étrange inquiétude, voire comme une angoisse, qui rodait, sourde et lancinante et se nichait parfois au creux de l’estomac, on ne comprenait pas ce qu’elle faisait là, ignorant ce signe annonciateur qu’envoyaient les Parques, leurs ciseaux déjà prêts à couper ce fil qui nous liait.

Tu ne me dis pas adieu mais tu oses à peine me dis au revoir, tu dis que l’on se reverra mais je sais que ce message à peine voilé, peine à couvrir le bruit du pont qui se fracasse, nous laissant seul avec nos vies de chaque coté de la falaise et déjà la brume qui a envahi la vallée, remonte le long des pentes abruptes et dresse son mur vaporeux qui cache ton visage. Nous nous ne dirons pas adieu pourtant le mot est de circonstance. Je sais que lentement le temps fera son œuvre, que le souvenir de ta peau, de ta voix, de ton rire, de tes mains sur mon visage, de ton regard si doux et si sérieux, parfois, tout cela s’estompera, et pour cela je hais déjà ce temps qui s’écoule. Le bonheur est fugace, nous le savons et pourtant nous l’espérons éternel. Ce vœu ne se réalisera pas. Je t'aime c'est ainsi, alors adieu toi que j’aime, mes larmes sont ruisseau, l’encre est liquide.

L’amour est un bonheur qui a sa part de douleur, j’aurai goûté les deux.


Dernière édition par Menuiziebihan le Ven 4 Juil - 12:26, édité 2 fois (Raison : Quelques modifications, vous me direz)
Menuiziebihan
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Message par Patrice Jeu 12 Juin - 20:43

Menuiziébihan, note triste. En lisant tes textes on a toujours l'impression que tu les as vécus. C'est ce qui fait leur force et leur saveur
Patrice
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